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Cérémonie du 8 mai 2011
Cérémonie du 8 mai - Discours de François Deligné - 8 mai 2011
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les représentants de la sécurité publique et de la sécurité civile,
Mesdames et Messieurs les représentants d’établissements scolaires, et d’associations,
Mesdames et Messieurs les Anciens combattants,
Jeunes élus du conseil municipal des Enfants,
Mesdames, Messieurs, Chers Amis,
Nous sommes assemblés aujourd’hui pour commémorer, ensemble, la capitulation nazie du 8 mai 1945, qui a mis fin à l’une des plus effroyables périodes de notre Histoire.
Nous sommes ici pour nous souvenir des six longues années d’une guerre qui, de 1939 à 1945, a décimé toute une génération, en France, en Europe, dans le monde. Un conflit meurtrier et douloureux qui a marqué le monde à jamais… Un conflit qui avait été précédé en Espagne et en Chine, dès 1936, de répétitions générales tout aussi violentes, exécrables et meurtrières.
Je voudrais devant vous rappeler les souffrances endurées par les femmes et les hommes qui ont traversé ces terribles années.
Rappeler que ce conflit a coûté à l’humanité près de 50 millions de vies civiles et militaires.
Rappeler que l’Homme a alors inventé, porté par la haine, des modes d’extermination et de destruction massifs. L'Homme, qui a ainsi trouvé le moyen de se déshumaniser radicalement, totalement. Cela a été théorisé puis mis en œuvre, au cœur d'un pays européen – l'Allemagne - qui avait été l'un des fleurons de la culture humaniste et occidentale.
Rappeler que des êtres humains, dont des Français, ont tué, déporté, dénoncé des compatriotes, des voisins, des amis, des frères… Au-delà des dénonciations, il y a eu aussi les petites et les grandes lâchetés, la cécité plus ou moins consciente d'une partie des citoyens européens.
Le Pasteur allemand Martin Niemöller, arrêté en 1937 et interné à Sachsenhausen et Dachau, décrit bien ce qu'a pu être cet aveuglement :
« Quand ils sont venus chercher les communistes, Je n'ai rien dit, Je n'étais pas communiste.
« Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, Je n'ai rien dit, Je n'étais pas syndicaliste.
« Quand ils sont venus chercher les juifs, Je n'ai pas protesté, Je n'étais pas juif.
« Quand ils sont venus chercher les catholiques, Je n'ai pas protesté, Je n'étais pas catholique.
« Puis ils sont venus me chercher, Et il ne restait personne pour protester. »
Il faut aussi rappeler le courage de tous ceux en Allemagne, en France, en Italie, au Danemark, en Belgique, en Yougoslavie, dans tous les pays d'Europe qui se sont levés pour résister au fascisme et combattre la barbarie nazie.
Je salue ainsi le choix des jeunes élus du CME de lire cette belle lettre de Missak Manouchian à son épouse Mélinée, où l'on discerne clairement que les Résistants combattaient pour la Fraternité.
Il faut se souvenir de ces centaines de milliers de soldats américains, britanniques, canadiens, australiens, mais aussi les soldats français originaires d'Afrique noire et du Maghreb, qui se sont battus et qui sont venus mourir sur nos plages, dans nos villes, dans nos campagnes pour notre liberté et pour restaurer une certaine idée de la dignité humaine.
Année après année, nous devons continuer à transmettre cette mémoire. Je veux ici saluer le travail de ceux qui accomplissent ce geste sans relâche. Ils se reconnaîtront. Nous leur devons beaucoup.
Pour moi, réunir à la fois les représentants des Anciens Combattants et les jeunes du conseil municipal des enfants est un acte qui participe de cette démarche ; c’est également un symbole fort qui transcende les générations et les unit pour partager ce devoir de mémoire.
Parce que d’aucuns seront toujours tentés de réécrire l’Histoire pour satisfaire les moins avouables des desseins, il est nécessaire de rester lucides pour ne pas donner aux générations à venir l’occasion de revivre pareil calvaire…
Je crois profondément que nous avons au-delà de ce devoir, une obligation de vigilance et d'indignation.
Vigilance parce que nous ne sommes jamais à l'abri d'une nouvelle dérive.
Indignation parce que nous ne devons jamais fermer les yeux ou considérer comme négligeables toute atteinte, même mineure, à la dignité humaine.
Dans toute l'Europe, aujourd’hui, sous l'effet d'une dure crise économique et sociale, nous voyons monter les mouvements national-populistes, qui font du repli identitaire leur fonds de commerce. À chaque fois il s'agit de désigner à la vindicte populaire des « boucs émissaires », ceux qui déjà souffrent le plus des exclusions.
En France, en Belgique, en Finlande, les immigrés sont ainsi dénoncés ; en Europe centrale, et notamment en Hongrie, ce sont les Rroms qui sont parfois physiquement pris à partie.
L'espoir formidable que représente le printemps démocratique des peuples arabes est désormais présenté par plusieurs gouvernements européens comme un danger migratoire alors même que l'augmentation de l'immigration est faible.
Nous ne devons pas laisser gagner ceux qui ont fait de la xénophobie un investissement rentable. Ne nous laissons pas berner par le vernis de respectabilité dont certains d'entre eux essaient de se couvrir.
Le choix du populisme, la tentation fasciste et la dérive nationaliste ont toujours – toujours - conduit à la guerre et au malheur. Personne ne peut dire qu'il ne savait pas.
La construction européenne est née de la nécessité d'enraciner durablement la paix sur notre continent en établissant définitivement les droits de l'Homme comme le fondement de nos sociétés, en faisant le choix de rapprocher les Hommes. Ne laissons pas s'effilocher ce rêve de paix, trouvons en nous les ressources pour rétablir la confiance et l'espoir chez nos concitoyens français et européens.